
Fanny TROIA
Thibault JULLIAND
Sabina ZAOUD
Le monde de la ruche
Une société comme celle des abeilles est qualifiée d’eusociale. C’est-à-dire qu’elle présente la vie sociale la plus évoluée marquée par trois caractères fondamentaux :
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l’existence d’une coopération dans les soins aux formes immatures ;
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le chevauchement d’au moins deux générations, ce qui permet aux descendants d’assister leurs parents pendant une partie de leur vie ;
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la présence de femelles spécialisées dans la reproduction, les autres femelles s’investissant dans d’autres tâches.
Cette socialité élevée s’explique par une communication rapide et efficace au sein de la ruche. Les abeilles parviennent à se transmettre des messages simples qui guident une conduite globale à la colonie entière, comme à chaque abeille. Sons, odeurs, danses, contacts ou phéromones, les abeilles disposent de nombreux moyens pour communiquer entre elles. Chaque message entraine un changement de comportement, voire un changement physiologique.
Par contact
Les abeilles communiquent grâces à leurs antennes. A l’entrée de la ruche mais aussi au milieu de celle-ci, on voit régulièrement des abeilles se faire face et croiser leurs antennes pour se communiquer différents messages. On peut également voir les abeilles butineuses rentrer dans la ruche, pour donner le nectar aux magasinières, et se frotter mutuellement la langue et se passer en même temps des messages par les antennes.
L’odeur et les Phéromones
L'odeur joue un rôle important dans la communication au sein de la ruche. Celle de la reine permet aux ouvrières de ne pas se tromper de ruche en rentrant, c’est en quelque sorte la signature de la ruche. L’odeur mêlée de cire, de pollen, et de miel indique que la ruche est en bonne santé. L’odeur du venin est particulière. Quand la colonie se met en colère, cette odeur est très présente : elle excite les abeilles.
Au sein de la colonie règne un ordre qui s’explique par les phéromones. Il s’agit de molécules émises par toutes les abeilles, dès leur plus jeune âge. On distingue deux types de phéromones : les phéromones incitatrices, qui induisent différents comportements chez les abeilles qui les perçoivent ; et les phéromones modificatrices qui agissent sur la physiologie des abeilles.
Elles émettent par exemple une phéromone d’alerte qui « appelle » les ouvrières à défendre la colonie y compris au prix de leur vie. Elles émettent également des phéromones de cohésion, qui servent à attirer les congénères soit vers la ruche, soit vers un point d’eau ou une source de nourriture. On peut observer que les larves communiquent avec les nourrices. Elles envoient des messages appelés phéromones de couvain. Il en existe une dizaine. Elles servent, entre autre, à indiquer aux nourrices comment s’occuper des larves, leur âge et leurs besoins en nourriture. Ces molécules phéroménales stimulent également les glandes qui permettent d’élaborer la nourriture des larves. Elles retardent aussi le moment où les nourrices deviennent butineuses afin qu’elles s’occupent plus longtemps des larves. Les ouvrières butineuses produisent une phéromone qui inhibe le développement comportementale des ouvrières d’intérieur, ce qui permet de moduler la proportion entre ouvrières nourrices et butineuses.
La reine est celle qui agit le plus sur sa colonie. Elle oriente le travail des ouvrières. Parmi les phéromones royales, on peut en distinguer quelques unes. On trouve la phéromone appelée « queen mandibular pheromone » (QMP) qui pousse les jeunes ouvrières à s’occuper de leur reine, à rester près d’elle pour la nourrir et lui nettoyer le corps et les antennes. De plus cette phéromone, émise par la reine, inhibe le développement des ovaires des ouvrières pour assurer à la reine seule, la tâche de ponte des œufs.
Sons
Les bruissements de la ruche sont variés selon les situations. Elles communiquent grâce à des sons. Elles ne sont pas capables d’entendre, mais elles sont capables de percevoir des vibrations. Par exemple, au printemps, quand les apiculteurs agrandissent le volume disponible de la ruche, les abeilles effectuent un bruissement d’ailes qui est caractéristique d’une satisfaction. En revanche, si les abeilles découvrent qu’on leur a pris leur reine, elles émettent un long bruissement d’inquiétude.
Danses
En dansant les abeilles sont capables d’indiquer les sources d’eau, de pollen ou de nectar ou bien un abri favorable pour l’essaimage. La danse permet de communiquer des renseignements très précis : comme la direction et la distance. Lorsqu’une abeille butineuse trouve une bonne source de nectar ou de pollen, en rentrant à la ruche, elle regarde le soleil puis mesure l’angle qu’il y a entre le soleil et la source. Puis, elle rentre à la ruche. La danse est exécutée dans l’obscurité de la ruche sur un rayon. Nous pouvons considérer le rayon de la ruche comme une sorte de carte sur laquelle dansent les abeilles, le haut du rayon étant l’emplacement du soleil car elles se dirigent grâce au soleil. Deux types de danses ont été identifées.
Si la nourriture se situe à moins de quatre-vingts mètres, une danse circulaire, dite «en rond » signale la proximité de la source, mais pas la direction. La butineuse entame une sorte de rond ; elle décrit de petits cercles à pas rapides, puis continue en sens inverse. La vigueur de sa danse est en rapport avec la concentration en sucre du nectar découvert. Les informations qu’elle dispense concerne donc la distance, le concentration du nectar ou bien encore la quantité de pollen.
Danse en rond
Pour une distance supérieure à cent mètres, des précisions supplémentaires sont nécessaires : on parle de danse frétillante. Elle est composée d’un premier trajet (par exemple vers la gauche) suivant un demi-cercle, d’un trajet « diamétral » revenant au point de départ et d’un demi-cercle vers la droite et d’un retour par le même diamètre. On parle de danse en 8.
C’est lors du trajet diamétral* que les frétillements sont exécutés. L’angle formé par le trajet frétillant indique la direction de la source de nourriture par rapport au soleil. Si la source est dirigée dans la direction du soleil, le frétillement est vertical de bas en haut. Si la source est à gauche ou à droite le frétillement est horizontal. La distance à la ruche est donnée par le nombre de frétillement et la vitesse à laquelle ils sont exécutés. Le nombre de frétillement augmente avec la distance. Chez les ouvrières, un frétillement correspond à vingt mètres. La vitesse diminue avec l’augmentation de la distance.
Par exemple si une ouvrière a repéré une source de nourriture se situant 110° du soleil. Alors elle entamera une danse en huit.
Orientation d'une source de nourriture
On compte 6 frétillements. La distance à la source est égale au nombre dé frétillement que multiplie vingt mètres : 6*20=120m. La source de nourriture est à 120m. Les abeilles vont donc sortir de la ruche, regarder le soleil, tourner de 110° et voler pendant 120 mètres pour arriver à la source: la fleur.


